Retrouver son identité après avoir donné la vie

L'arrivée d'un enfant peut être vécue comme un grand bouleversement. Je vous propose de regarder cette expérience intense comme une opportunité de redéfinir votre identité.

Le post-partum est une période très particulière dans nos vies de femmes, où nous avons tendance à mettre de côté plusieurs pans de notre identité, au profit de l’expérience qui se joue dans l’instant présent : celle d’accueillir un enfant.

Et quelle expérience !

Avec un nourrisson tout est bouleversé : votre corps (qui a enfanté, qui peut-être allaite, qui porte et qui prend soin, qui s’est adapté sur les plans hormonaux et neurobiologiques), votre quotidien, votre statut familial, votre représentation de votre partenaire et votre relation avec lui ou elle, la place de vos parents et de vos frères et soeurs si c’est le premier enfant de la génération, ou si c’est le premier garçon ou la première fille, ou si les uns ou les autres autres deviennent parrains ou marraines… De même avec votre belle famille.

Des facettes en plus

Devenir mère, pour la première ou la x-ième fois, peut vous faire découvrir de nouvelles parties de vous-mêmes, qui s’expriment non seulement vis-à-vis de votre enfant mais aussi plus largement. J’ai souvent le témoignage d’une plus grande sensibilité dans le post-partum, qui ne se referme pas forcément : devenir mère peut ouvrir en vous une connexion plus grande à votre empathie et à votre vulnérabilité, que vous choisissez ou non de laisser s’exprimer, temporairement ou durablement.

Des facettes en moins

Les hormones vous prédisposent, durant les dernières semaines de votre grossesse et les premiers mois après l’enfantement, à être tournée exclusivement vers votre bébé et la réponse à ses besoins.

Cette fusion maman-bébé permet l’accordage et le développement d’un lien d’attachement précieux pour le développement harmonieux de l’enfant. De plus, si vous vous autorisez à vivre cette phase, ses bienfaits rejaillissent durablement sur l’équilibre et l’atmosphère familial.e.

Rassembler les parties de soi-même

Néanmoins, à une échéance plus ou moins longue selon les femmes et selon les domaines de leur vie, l’envie de reconnecter avec d’autres dimensions survient. La vie amoureuse, la vie sociale, la vie professionnelle, le sport, les loisirs…  « Je veux retrouver ma vie de femme. » « Je veux me retrouver. » « J'aimerais un équilibre entre la femme et la mère en moi. »

Vous pouvez être ambivalentes au moment de cette réouverture : envie d’aller vers l’extérieur et de respirer une autre odeur que celles de votre bébé et de votre maison, mais difficulté à confier votre enfant et à vous en éloigner. Envie de reprendre le sport ou la sexualité mais peur pour votre périnée fragilisé par l’enfantement, ou interrogations sur vos capacités physiques par exemple…

Cette ambivalence peut vous faire vivre du doute, et le sentiment de ne pas vous reconnaitre. Vous aimeriez parfois « retrouver votre vie d’avant » mais dans la pratique vous n’en avez pas vraiment envie. Les centres d’intérêts qui étaient les vôtres n’ont plus forcément le même attrait. Vos priorités ne sont plus forcément les mêmes ; que ce soit en termes de relations, d’activités, de repos…

Cela peut être très perturbant et souffrant même si c’est tout à fait normal.

Les facettes de vous-mêmes auxquelles vous tenez ou que vous avez du mal à laisser aller réapparaissent une à une. Elles vous questionnent : comment faire de la place dans ma nouvelle vie à cet aspect de moi-même (la danseuse, l’amoureuse, la professionnelle, celle qui fait des grasse mat’, la sportive, l’amie fêtarde, la lectrice, la maman poule, etc…) ?

A chaque fois qu’une jeune maman se sent perdue ou doute d’elle-même et de ses envies, j’ai envie de :
  • l’inviter à se questionner : d’où vient cette envie qu'elle ressent ? de l’extérieur (injonction de la société, discours des proches) ? d’une partie d'elle-même ? et si oui de laquelle ? du plus profond d'elle ?

  • lui suggérer d’être douce avec elle-même : qu'elle s'accorde du temps pour clarifier ses envies et mettre en oeuvre ses désirs dans cette période de grande vulnérabilité et de grande intensité qu’est le post-partum,

  • lui proposer d’accueillir l’ambivalence qu’elle ressent : elle a le droit d’éprouver des émotions et des désirs contradictoires. Elle est vivante et elle est en pleine reconfiguration.

Vous êtes en train de retrouver toutes les parties de vous-mêmes et de les rassembler dans une nouvelle identité, celle que vous avez l’opportunité de redéfinir maintenant. Cela va sans doute prendre plusieurs mois, peut-être plusieurs années. Car au fur et à mesure que les enfants grandissent, notre rôle de parent évolue, ainsi que le temps dont nous disposons.

C’est le mouvement de la vie, qui est toujours là.

En réalité notre identité change constamment : aujourd’hui adulte, vous n’êtes plus le bébé que vous avez été. Mais souvent ce mouvement est lent, si bien que nous ne le percevons pas. Au moment de l’accueil d’un enfant, tout est chamboulé brusquement. Les changements identitaires sont évidents et massifs, c’est pourquoi vous pouvez le vivre comme un bouleversement déstabilisant.

Et parce que la thérapie commence où le bon sens s’arrête, si cette situation est trop douloureuse et que vous n’arrivez pas à accepter l’intensité de vos émotions face à ces choix, il est toujours possible de prendre rendez-vous pour une Gestalt thérapie.

Je serai heureuse de vous accueillir dans mon cabinet pour explorer avec vous ce que l’arrivée de votre enfant a fait ressurgir et comment trouver petit à petit un chemin vers une vous apaisée.